De l'autre côté

Ce film traite du problème de l'identité, de la double culture. En effet l'histoire de ce film nous amène à nous pencher sur la relation bien particulière qui s'est établie entre l'Allemagne et la Turquie. Il nous conduit à travers une série d'allers-retours entre Hambourg et Istanbul.

Nejat, un jeune professeur de littérature d'origine turque à l'Université de Hambourg et son père, un vieil immigré mènent une vie paisible. Jusqu'au jour, où son père s'installe avec une prostituée repentie. Celle-ci a une fille en Turquie qu'elle n' a pas vue depuis des années. Après une dispute, le vieux tue par accident la prostituée. Le jeune professeur décide de rechercher cette fille, disparue qui appartient à un groupuscule politique réprimé par le régime turc. Sa quête n'est pas un road movie mais la lenteur et la profondeur des personnages me font tout de même penser à Paris-Texas.

Les personnages se croisent sans le savoir, disparaissent, meurent....alors que nous découvrons progressivement Istanbul-Hambourg mais surtout la complexité de l'identité de ces Allemands d'origine turque.

Enfin, le film aborde de nombreux thèmes par petites touches : comme l'intégrisme religieux, la relation père-fils, mère-fille, l'homosexualité, la contre-culture....mais surtout le thème de la mort : comment vivre la mort d'un proche, sujet universel si il en est.

Je n'en dirai pas plus sur la trame de l'histoire un peu complexe (mais d'une extraordinaire fluidité) mais je voudrais m'arrêter cinq minutes sur le réalisateur. Fatih Akin est un jeune réalisateur (1973) allemand, né à Hambourg d'origine turque. Remarqué en 2004 pour Head-On qui obtiendra l'Ours d'or à Berlin la même année, il est aujourd'hui l'un des réalisateurs d'Outre-Rhin les plus connus. De l'Autre côté a obtenu le prix du meilleur scénario à Cannes en 2007. Ces deux films font partie d'une trilogie dont le dernier opus n'est pas encore en tournage.

Ce jeune réalisateur emblématique est un peu le porte-parole (même si il ne le revendique pas) de cette forte communauté turque silencieuse qui vit en Allemagne actuellement et qui ne s'est pas beaucoup exprimée depuis son arrivée.

Bande annonce

En 1961, l'Allemagne et la Turquie signaient une convention sur le recrutement de la main d'oeuvre turque. Après la crise de 1973, les autorités allemandes ont tenté de ralentir le flux. Mais le regroupement familial et l'arrivée de réfugiés politiques suite au coup d'Etat de 1980 n'a pas enrayé cette immigration. En 1999, la communauté turque s'élève à plus de 2,1 M d'habitants. Aujourd'hui , l'intégration des turcs dans la société allemande est une réalité même si elle est jonchée d'embûches : langue, racisme, religion etc...

Jean-Christophe Diedrich