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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

jeudi 13 mars 2008

Le festival de Woodstock: première partie.




Les 15, 16 et 17 août 1969, plus de 500 000 individus participent au festival musical de Woodstock.

A l'origine du projet se trouvent quatre jeunes hommes. John Roberts et Joel Rosenman disposent d'un héritage important à faire fructifier. Ils publient une annonce dans le New York Times: "jeunes hommes avec un capital illimité cherchent des opportunités d'investissement intéressantes et des propositions d'affaires".
Artie Kornfeld, le vice-président de Capital Records, et Michael Lang, un hippie, qui vient d'organiser avec succès le Miami pop festival, tombent sur l'annonce et y voient aussitôt la manne nécessaire à l'organisation d'un autre grand festival musical.

Tous les quatre fondent alors Woodstock ventures avec pour objectif d'organiser un festival gigantesque. Ils avancent le chiffre ambitieux de 50 000 personnes (le festival en accueillera près de 10 fois plus!!!).



Le choix du site de l'événement s'avère ardu.

Les organisateurs optent d'abord pour la ville de Woodstock, où habitent Dylan ainsi que beaucoup d'autres musiciens. Face au refus de la municipalité, ils se rabattent sur un terrain de 60 acres loué 50 000 dollars à un fermier nommé Max Yasgur, sur la commune de Bethel, soit à plus de 100 km de Woodstock. Le festival continuera pourtant à s'appeler "Woodstock", nom plus porteur que celui de Bethel.

Les pluies diluviennes transforment rapidement le terrain en bourbier géant.

Les publicités promettaient de passer du bon temps. "Trois jours de paix et de musique. Des centaines d'hectares à parcourir. Promène toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l'air pur".


D'interminables embouteillages rendent l'accès au festival très difficile.

Manifestement, le message séduit puisque plus de 500 000 spectateurs assisteront à l'événement. Face à une telle affluence, les difficultés logistiques abondent:

- les axes d'accès aux lieux de concert sont saturés et des embouteillages monstres se forment, obligeant à utiliser des hélicoptères pour amener les artistes de leurs hôtels à la scène de spectacle.


- une très petit nombre de spectateurs acquitte les 18 dollars d'entrée du festival. Par la force des choses, il se transforme en un spectacle gratuit. Les piquets fermant l'accès au site sont arrachés rendant ainsi la billetterie inopérante.




Woodstock festival 1969

- la pénurie de nourriture est manifeste. D'ailleurs lors de son concert, Janis Joplin lance aux spectateurs:"s'il vous reste quelque chose à manger, le gars à votre droite eest votre frère, et la fille à votre gauche est votre soeur, alors partagez en toute fraternité".


- les conditions sanitaires s'avèrent catastrophiques. Les sanitaires, prévus pour un auditoire dix fois moins important, manquent cruellement.Les ordures s'amoncellent dangereusement.

- Enfin, pour couronner le tout, des trombes d'eau tranforment vite le terrain en un gigantesque bourbier.


Près d'un demi-million de jeunes Américains assistent au festival.

Or, assez miraculeusement, le festival se déroule de manière plutôt satisfaisante.
A l'issue des trois jours, on dénombrera:
- trois morts, dus à une overdose, une appendicite mal soignée et un accident de tracteur.
-deux naissances
- et, selon Tim Leary, "100 000 trips au LSD".

Mais on ne déplore aucune bataille sérieuse, ni viols ni meurtres sur ce site densément occupé. Au contraire les photographies et le film consacré à l'événement montrent une foule hirsute pacifique et heureuse, partageant des valeurs communes: le refus de la guerre du Vietnam, du capitalisme triomphant et de la société de consommation. Cette jeunesse adopte un mode de vie qui choque leurs aînés: avec une liberté sexuelle revendiquée, le port de vêtements bariolés et informes, la consommation de drogues afin d'ouvrir bien grand "les portes de la perception"...


Bain collectif lors du festival.



Ce festival constitue bien la manifestation d'une culture (ou plutôt d'une contre-culture), l'expression d'une communauté d'esprit et d'un mode de vie. On appelera d'ailleurs "Woodstock nation", la génération que ce concert gigantesque représenta. Surtout, Woodstock consacre l'avénement d'une musique de masse, savant mélange de folk, folk-rock, rock, psychédélique ou pas. Pour Yves Delmas et Charles Gancel:"Woodstock demeure (...) l'expression d'une volonté de changement, aussi collective qu'utopiste. Derrière la pacifique rébellion contre le racisme et la guerre du Vietnam se dresse l'incroyable capacité de la musique à rassembler la jeunesse et à incarner ses valeurs avec optimisme." Dans un article à venir, nous nous intéresserons aux concerts en eux-mêmes.

Ci-dessous, le titre composé en l'honneur du festival par Joni Mitchell et repris à de nombreuses reprises.

free music


Le How can we hang on to a dream du merveilleux Tim Hardin présent à Woodstock, ici en studio (dans un bien meilleur état qu'à Woodstock):
free music


Pour terminer, laissons la parole à Max Yasgur, propriétaire opportuniste du terrain sur lequel se déroule les festival, qui lance à l'auditoire le dimanche 16 dans l'après-midi:"Je crois que vous avez prouvé au monde qu'un demi million de jeunes peuvent se rassembler pendant trois jours pour avoir du bon temps et de la musique. Que Dieu vous bénisse pour cela".

Sources:
- Yves Delmas et Charles Gancel:"Protest song. La chanson protestataire dans l'Amérique des sixties", Textuel, 2005.

- Jacques Barsamian et François Jouffa:"L'encyclopédie du rock américain", Michel Lafon, 1996.





- un site riche en photographie.

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