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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

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Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

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dimanche 21 septembre 2008

Entre les murs, le livre d'abord en attendant le film


C'est cette semaine que le film de Laurent Cantet sort sur les écrans... Je rappelle qu'il a obtenu la palme d'or à Cannes en mai dernier et que l'auteur François Bégaudeau incarne le rôle du professeur....



Bégaudeau, Bégaudeau....ah, si je prends le livre en main et que je regarde la biographie succincte, je lis qu'il a publié moins d'une demi-douzaine de livres entre 2003 et 2006 dont le dernier est Entre les murs. J'apprends sur Wikipedia qu'il est l'auteur en 2008 de l'antimanuel de littérature (collection assez formidable à laquelle Bernard Maris et Michel Onffray ont déjà participé). Je sais qu'il est jeune (né en 1971) et assez beau garçon (à vous de juger) et qu'il a d'abord été professeur de lettres dans le secondaire avant de devenir écrivain à plein temps. Il a été également membre d'un groupe de rock-punk, les Zabriskie Point.
Depuis la sortie et le succès de son livre Entre les murs sa vie professionnelle semble transformée...chroniqueur littéraire sur Canal +, dans des magazines, il publie beaucoup ....son tout dernier (Une chic fille) est consacré à la journaliste prise en otage en Irak, Laurence Aubenas.


Revenons à son livre qui lui a permis de sortir de l'anonymat (le prix Télérama et photo en Une du même magazine), Entre les murs est un drôle de livre. Le style est assez simple, Bégaudeau nous invite dans le quotidien d'un enseignant de Lettres dans un collège de banlieue parisienne. Ce livre ne s'adresse pas exclusivement aux enseignants même si du coup, il est facile pour ces derniers de s'identifier.... C'est assez bien réussi....ces relations de travail entre enseignants : les phrases et les mots raisonnent bien, on sent le vécu. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il s'agit d'un bon livre.
Les premières pages du livre décrivent la rentrée d'un prof. : le stress et la nervosité d'une rentrée d'abord entre collègues (pré-rentrée) puis avec les élèves. Ensuite, le quotidien, rien que le quotidien de l'enseignant, sa solitude, la violence des rapports avec les élèves et enfin ses erreurs. Tout ce récit, dans un style simple, direct, avec de nombreux dialogues qui rendent le livre très accessible. Belle trouvaille également que la description des élèves : ils sont décrits par les marques et inscriptions de leurs vêtements. Cette trouvaille stylistique est d'une belle justesse sur ce que sont réellement les ados d'aujourd'hui.

Bégaudeau, l'enseignant : le livre est plus complexe qu'il n'y paraît, objet littéraire, il est également le témoignage d'un professeur sur sa pratique et son vécu. Comme Philippe Meirieu le dit dans son excellent article, les pratiques du jeune professeur sont parfois contestables. Violences verbales (l'insulte : "les pétasses" surtout), rapports de force, "surchauffe affective" sont quelques uns des travers constatés. Bien évidemment, il n'est pas question de juger ces dérives car tous les enseignants sont susceptibles de les connaître un jour. Le témoignage n'en est d'ailleurs que plus fort.


Le propos du livre : Pourtant, le livre ne répond pas à toutes les questions : que faire de ces élèves ? Quel sens donner à l'école, à l'enseignement ? Quelle stratégie peut désormais le mieux fonctionner ? Toutes ces interrogations restent sans réponse, pire l'auteur ne se les pose pas ou ne veut pas se les poser, sans doute, trop ancré dans son quotidien. Le propos s'en trouve alors très amoindri. La description n'est pourtant pas neutre, elle suggère que l'enseignant et les élèves souffrent et de facto, l'école dans son ensemble.
Ca commence aujourd'hui, film de Tavernier, Etre et avoir de Philibert ou encore l'Esquive de Kechiche sont des films qui prennent partie. Ils sont plein d'espoir ou dénoncent des injustices....Bref, ils me disent plus et s'engagent sur LE sujet de société qui doit mobiliser toutes nos énergies.
Ce livre est finalement assez symptomatique du recul des ambitions pour l'école de la République. Le débat se résume aujourd'hui à une réalité purement comptable....pire, à des gadgets électoralistes : médailles, commémorations, fin des IUFM, retour de l'autorité, remise en cause de l'enseignant etc....

JC Diedrich



Pour aller plus loin :
Je vous invite à lire
Le texte tout en nuance de Philippe Mérieu sur le livre et le film...
L'article de Télérama


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