Deux films sortis en 2006 nous offrent un regard intéressant sur les bouleversements du monde de l'après-guerre froide. Ils sont aujourd'hui disponibles en DVD et devraient bientôt être diffusés à la télé. Il s'agit de Lord of War d'Andrew Nicol et de Blood Diamond d'Edward Zwick.
Lord of war
Originaire d'Ukraine, Yuri Orlov (l'excellent Nicolas Cage) a grandi à Brooklyn dans ce qu'on appelle la "Little Odessa". Peu désireux de passer sa vie dans le restaurant de ses parents, il se lance dans la vente d'armes et devient un marchand de haut vol. Ayant fait ses armes dans les dernières heures de la Guerre froide (vente à des Moudjahidines afghans luttant contre l'URSS), il est un des premiers à comprendre tout l'intérêt qu'il peut tirer de l'effondrement du bloc soviétique. Il est comme un poisson dans l'eau dans ce "nouvel ordre mondial" qui voit la prolifération des conflits, notamment en Afrique. On le voit à l'œuvre dans deux pays qui ont connu des guerres sanglantes, le Libéria et la Sierra Leone. On aura reconnu dans le personnage pour le moins sanglant d'André Baptiste, l'ancien président du Libéria Charles Taylor, aujourd'hui jugé à La Haye pour son rôle joué dans la guerre civile au Sierra Leone voisin (1991-2002) en aidant certaines factions (le RUF) parmi les moins respectueuses des droits de l'homme, en particulier des enfants, et en permettant la vente de certaines ressources sous embargo (diamant).
Le film est évidemment un pamphlet contre les marchands d'armes, qu'il soient des individus en marge de la légalité ou des États, à commencer par les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, contre certains dirigeants africains sanguinaires. Mais le personnage joué par Nicolas Cage est pour le moins ambigu. Il est le narrateur et le spectateur ne peut manquer de s'identifier à lui. On le voit pris dans ses contradictions, ses mensonges à sa femme. Malgré tout cela, il continue parce que, comme il le dit lui-même : "I'm good in it"...
A noter, la BOF très éclectique.
Lord of war
Originaire d'Ukraine, Yuri Orlov (l'excellent Nicolas Cage) a grandi à Brooklyn dans ce qu'on appelle la "Little Odessa". Peu désireux de passer sa vie dans le restaurant de ses parents, il se lance dans la vente d'armes et devient un marchand de haut vol. Ayant fait ses armes dans les dernières heures de la Guerre froide (vente à des Moudjahidines afghans luttant contre l'URSS), il est un des premiers à comprendre tout l'intérêt qu'il peut tirer de l'effondrement du bloc soviétique. Il est comme un poisson dans l'eau dans ce "nouvel ordre mondial" qui voit la prolifération des conflits, notamment en Afrique. On le voit à l'œuvre dans deux pays qui ont connu des guerres sanglantes, le Libéria et la Sierra Leone. On aura reconnu dans le personnage pour le moins sanglant d'André Baptiste, l'ancien président du Libéria Charles Taylor, aujourd'hui jugé à La Haye pour son rôle joué dans la guerre civile au Sierra Leone voisin (1991-2002) en aidant certaines factions (le RUF) parmi les moins respectueuses des droits de l'homme, en particulier des enfants, et en permettant la vente de certaines ressources sous embargo (diamant).
Le film est évidemment un pamphlet contre les marchands d'armes, qu'il soient des individus en marge de la légalité ou des États, à commencer par les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, contre certains dirigeants africains sanguinaires. Mais le personnage joué par Nicolas Cage est pour le moins ambigu. Il est le narrateur et le spectateur ne peut manquer de s'identifier à lui. On le voit pris dans ses contradictions, ses mensonges à sa femme. Malgré tout cela, il continue parce que, comme il le dit lui-même : "I'm good in it"...
A noter, la BOF très éclectique.
"Les diamants du sang"
Gros plan sur un film très émouvant : Blood Diamond. Bien sûr, comme d'habitude, Hollywood déploie les grands moyens : de l'action, des paysages magnifiques (le tournage a eu lieu au Mozambique et en Afrique du Sud), un acteur connu (soulignons d'ailleurs sa capacité surprenante à éviter les balles...). Mais ces moyens sont au service d'une cause. La violence, présente à chaque instant dans le film, n'est pas gratuite et a fait partie de l'histoire récente de la Sierra Leone. Ce petit pays de 5,4 millions d'habitants coincé entre la Guinée et le Libéria a en effet connu une guerre civile durant les années 1990. Exactions contre les civils (notamment mains coupées), travail forcé, enrôlement de force des enfants, trafic du diamant pour financer l'achat d'armes. Ce que le film dénonce, c'est tout cela, mais surtout la passivité voire la complicité des pays occidentaux dans cette situation. Comment, en effet, acheter tranquillement un diamant venant de cette région une fois connues les conditions de son extraction ?
Une mention spéciale à l'acteur Djimon Hounsou (déjà vu dans Amistad), qui n'est nominé que pour le meilleur second rôle aux Oscars alors que son personnage est au moins aussi important que celui interprété par Leonardo Di Caprio...
La dénonciation peut d'ailleurs être appliquée à d'autres minerais et d'autres produits. Un seul exemple, le colombo-tantalite (ou coltan) qui est un minerai essentiel pour les condensateurs des téléphones portables et dont l'exploitation nourrit la guerre qui ravage par intermittence l'est de la République Démocratique du Congo.
Les liens
- Lord of War sur le blog Zéro de conduite
- Le site officiel du film Blood Diamond, des détails et des liens sur le blog Zéro de conduite, l'itinéraires d'enfants-soldats de Sierra Leone, notamment celui d'Ismaël Beah dont je vous ai déjà parlé. Sachez qu'un Tribunal spécial des Nations Unies est actuellement chargé de juger les crimes commis en Sierra Leone dans les années 1990. Le dossier de Libération sur ce sujet. A lire également, un ouvrage écrit par le géographe Roger Brunet en 2003 :
D'autres films sortis ces dernières années, déjà disponibles en DVD, mettent également en évidence les contradictions de notre monde : Le cauchemar de Darwin, The Constant Gardener (sur l'industrie pharmaceutique).
A signaler dans les films dénonçant la mondialisation : Ma mondialisation (ou l'itinéraire d'une entreprise de la valée de l'Arve en Haute-Savoie) et Bamako (le procès fictif du FMI et de la Banque Mondiale dans une courée de Bamako).
Si vous avez vu l'un ou l'autre de ces films, dîtes en commentaire ce que vous en avez pensé, cela nous intéresse !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire