Ce pourrait être de l'histoire ancienne, mais cette histoire est encore "brûlante". Les questions liées à la Seconde Guerre mondiale en Asie sont encore des sujets de discorde. Ainsi en est-il de la reconnaissance par le Japon de sa responsabilité dans ce que l'armée japonaise nommait des "femmes de réconfort".
Mais ce terme même pose problème. Il s'agit en fait d'esclaves sexuelles de l'armée japonaise. On peut d'ailleurs reprocher à l'éditeur français de ce livre de ne pas avoir conservé le titre original et d'utiliser celui de Femmes de réconfort.
L'une des victimes, une Néerlandaise, écrit ainsi : "Plus que tout je refuse catégoriquement le terme de "femme de réconfort" puisqu'il signifie quelquechose de chaleureux et doux".
Il s'agit donc de prostitution forcée, de viol et d'esclavage et les responsables japonais ont été jugés pour ces crimes au procès de Tokyo de 1946.
Une Bande dessinée coréenne (un manhwa) vient nous éclairer admirablement sur ce crime du Japon en guerre. L'auteure, Jung Kyung-a, est une jeune femme qui a mené l'enquête sur celles que les Coréens appellent les Halmuny (littéralement les grands-mères). Elle retrace la genèse du projet des militaires japonais dès le début des années 1930 en suivant certains protagonistes de cette histoire douloureuse. Nous suivons ainsi Jan, une Hollandaise enlevée et utilisée comme esclave sexuelle à Java, un gynécologue japonais chargé d'éviter la transmission des maladies vénériennes, une Coréenne qui revient sur les traces de ce drame.
Jung Kyung-a utilise de nombreux documents et témoignages qu'elle parvient à intégrer au récit sans en compliquer la lecture. Nous suivons pas à pas ses questions, ses surprises, ses émotions. Elle parvient à utiliser l'humour, notamment lorsqu'elle décrit la logique absurde par laquelle les militaires japonais se protègent de tout sentiment de culpabilité.
Les femmes, pour beaucoup coréennes, étaient recrutées sous des prétextes mensongers ou enlevées à leur famille, souvent très jeunes, avant d'être menées sur les théâtres d'opération comme à Rabaul (Papouasie). Elles furent ensuite tuées ou abandonnées dans le meilleur des cas.
Au-delà de la question de l'esclavage sexuel, elle évoque, des années 1930 aux années 1940, la politique expansionniste du Japon impérial et les logiques criminelles qui l'ont accompagnées. Rappelons que la Corée a été colonisée par le Japon de 1910 à 1945. Précisons également qu'un traité de paix a été signé en 1965 entre la Corée du Sud et le Japon.
Cette question des "femmes de réconfort" a resurgi dans les opinions asiatiques à partir des années 1990, des femmes acceptant de témoigner malgré la honte et le sentiment de culpabilité. Avec le viol en effet, le témoignage se heurte au scepticisme et aux accusations de consentement. Cela n'est pas propre à l'Asie, faut-il le rappeler... Mais les revendications de reconnaissance et d'indemnisations ont toujours été rejetées par les autorités japonaises.
Jun Kyung-a, Femmes de réconfort : esclaves sexuelles de l'armée japonaise, Au Diable Vauvert et 6 Pieds Sous Terre.
L'une des victimes, une Néerlandaise, écrit ainsi : "Plus que tout je refuse catégoriquement le terme de "femme de réconfort" puisqu'il signifie quelquechose de chaleureux et doux".
Il s'agit donc de prostitution forcée, de viol et d'esclavage et les responsables japonais ont été jugés pour ces crimes au procès de Tokyo de 1946.
Une Bande dessinée coréenne (un manhwa) vient nous éclairer admirablement sur ce crime du Japon en guerre. L'auteure, Jung Kyung-a, est une jeune femme qui a mené l'enquête sur celles que les Coréens appellent les Halmuny (littéralement les grands-mères). Elle retrace la genèse du projet des militaires japonais dès le début des années 1930 en suivant certains protagonistes de cette histoire douloureuse. Nous suivons ainsi Jan, une Hollandaise enlevée et utilisée comme esclave sexuelle à Java, un gynécologue japonais chargé d'éviter la transmission des maladies vénériennes, une Coréenne qui revient sur les traces de ce drame.
Jung Kyung-a utilise de nombreux documents et témoignages qu'elle parvient à intégrer au récit sans en compliquer la lecture. Nous suivons pas à pas ses questions, ses surprises, ses émotions. Elle parvient à utiliser l'humour, notamment lorsqu'elle décrit la logique absurde par laquelle les militaires japonais se protègent de tout sentiment de culpabilité.
Les femmes, pour beaucoup coréennes, étaient recrutées sous des prétextes mensongers ou enlevées à leur famille, souvent très jeunes, avant d'être menées sur les théâtres d'opération comme à Rabaul (Papouasie). Elles furent ensuite tuées ou abandonnées dans le meilleur des cas.
Au-delà de la question de l'esclavage sexuel, elle évoque, des années 1930 aux années 1940, la politique expansionniste du Japon impérial et les logiques criminelles qui l'ont accompagnées. Rappelons que la Corée a été colonisée par le Japon de 1910 à 1945. Précisons également qu'un traité de paix a été signé en 1965 entre la Corée du Sud et le Japon.
Cette question des "femmes de réconfort" a resurgi dans les opinions asiatiques à partir des années 1990, des femmes acceptant de témoigner malgré la honte et le sentiment de culpabilité. Avec le viol en effet, le témoignage se heurte au scepticisme et aux accusations de consentement. Cela n'est pas propre à l'Asie, faut-il le rappeler... Mais les revendications de reconnaissance et d'indemnisations ont toujours été rejetées par les autorités japonaises.
Jun Kyung-a, Femmes de réconfort : esclaves sexuelles de l'armée japonaise, Au Diable Vauvert et 6 Pieds Sous Terre.
L'extrait
Les liens
- Un entretien avec Jung Kyung-a, un article sur le blog Bédés d'Asie, le site du Conseil coréen pour les femmes enrôlées de force comme esclaves sexuelles au service de l'armée japonaise (in english).
- Le dossier sur l'histoire de l'Asie orientale (chronologie, articles, documents, ...) avec un entretien avec l'historien Jean-Louis Margolin à l'occasion de son livre L'armée de l'Empereur, Violences et crimes du Japon en guerre.
- Les autres articles de ce blog sur l'Asie.
- Le dossier sur l'histoire de l'Asie orientale (chronologie, articles, documents, ...) avec un entretien avec l'historien Jean-Louis Margolin à l'occasion de son livre L'armée de l'Empereur, Violences et crimes du Japon en guerre.
- Les autres articles de ce blog sur l'Asie.
[Merci à J. Blottière de m'avoir signalé ce manhwa]
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