Jin vit en Californie. Ses parents sont nés en Chine avant d'émigrer aux Etats-Unis. Qui est-il ? Quelle est son identité ? Comment vaincre sa timidité maladive ? Il doit répondre à toutes ses questions auxquelles sont confrontés les adolescents du monde entier. Pour lui, cela est un peu plus compliqué. On dit la société américaine ouverte à l'immigration mais Gene Luen Yang nous la montre pleine de préjugés (nous ne sommes pas les seuls...). Dans ce monde sans pitié qu'est le lycée, Jin navigue entre joie et peines. Entre espoirs sans lendemains et humiliations. En parallèle, Gene Luen Yang nous invite à suivre deux autres histoires, apparemment sans rapport avec la première...Elles mêlent l'imaginaire et la réalité dans un ensemble très réussi.
C'est une BD très drôle, vous vous surprendrez sans doute à rire tout seul en la lisant (ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde...). C'est une sorte de parcours initiatique qui emprunte des chemins de traverse. J'ai eu personnellement beaucoup de plaisir à le lire.
La BD a connu un grand succès aux Etats-Unis en 2007, pas seulement dans la communauté chinoise. Voici ce qu'en pense l'auteur :"Mon histoire raconte l’expérience de l’immigration. Beaucoup de gens s’y sont reconnus. (...) Il y a énormément de migration dans le monde actuel, une mixité des cultures bien plus importante qu’avant. Cela crée des situations dans laquelle les gens sont incertains de leur position sociale, de leur identité. Cela a été le cas pour moi. La mondialisation est évidemment responsable de cet état de fait. Beaucoup de gens ont, comme moi, une culture qui est différente de celle de leurs parents. Je suis américain alors que mes parents sont chinois. Pour cette raison, il y a des tensions entre nous. Nous sommes confrontés à la nécessité de définir nos propres référents identitaires, différents de ceux de nos parents."
C'est une BD très drôle, vous vous surprendrez sans doute à rire tout seul en la lisant (ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde...). C'est une sorte de parcours initiatique qui emprunte des chemins de traverse. J'ai eu personnellement beaucoup de plaisir à le lire.
La BD a connu un grand succès aux Etats-Unis en 2007, pas seulement dans la communauté chinoise. Voici ce qu'en pense l'auteur :"Mon histoire raconte l’expérience de l’immigration. Beaucoup de gens s’y sont reconnus. (...) Il y a énormément de migration dans le monde actuel, une mixité des cultures bien plus importante qu’avant. Cela crée des situations dans laquelle les gens sont incertains de leur position sociale, de leur identité. Cela a été le cas pour moi. La mondialisation est évidemment responsable de cet état de fait. Beaucoup de gens ont, comme moi, une culture qui est différente de celle de leurs parents. Je suis américain alors que mes parents sont chinois. Pour cette raison, il y a des tensions entre nous. Nous sommes confrontés à la nécessité de définir nos propres référents identitaires, différents de ceux de nos parents."
Gene Luen Yang, American Born Chinese, Mémoires d'un Chinois d'Amérique, Dargaud, 2007
Extraits
L'immigration chinoise aux Etats-Unis : "du paria au parangon"
Première partie : Les parias (à lire ici)
Deuxième partie : Les parangons
[Principales zones d'origines des immigrants aux Etats-Unis de 1971 à 2002, Atelier de cartographie de Sciences-Po]
En 1965, la politique des quotas par nationalités menée depuis 1924 est abandonnée. La reconnaissance de la Chine par les Etats-Unis suite au voyage de Nixon à Pékin en 1972 et la politique d'ouverture de Deng Xiaoping à partir de la fin des années 1970 vont donner un tour nouveau aux relations entre les deux pays, permettant l'immigration.
A partir des années 1970, l'immigration chinoise reprend, mais elle est cette fois-ci le fait de populations qualifiées et éduquées venues également de Taïwan et de Hong-Kong. Il se produit alors une inversion de l'image négative de la population d'origine chinoise. De paria, elle devient parangon pour reprendre le titre d'un article de Peter Rose paru en 1982. Les préjugés deviennent positifs. Les Américains vantent les mérites de ce groupe qui s'intègre avec facilité, au risque de sous-estimer les difficultés des nouveaux arrivants, en particulier les clandestins (estimés à 40 000 personnes en 2006). Dès 1988, le film Farewell China de Clara Law avec Maggie Cheung et Tony Leung montrait cette réalité. Symboles de la réussite chinoise, 20% des entreprises de haute technologie de la Silicon Valley sont possédées par des Chinois-Américains. Autre réussite symbolique, celle du basketteur chinois Yao Ming, pivot de 2,29 m des Houston Rockets.
Le nombre d'étudiants chinois aux Etats-Unis a augmenté considérablement jusqu'en 2002. Cela a suscité de la part des autorités chinoises des réticences, mais, après avoir sermonné les étudiants, Pékin fait tout aujourd'hui pour les séduire.
A partir des années 1970, l'immigration chinoise reprend, mais elle est cette fois-ci le fait de populations qualifiées et éduquées venues également de Taïwan et de Hong-Kong. Il se produit alors une inversion de l'image négative de la population d'origine chinoise. De paria, elle devient parangon pour reprendre le titre d'un article de Peter Rose paru en 1982. Les préjugés deviennent positifs. Les Américains vantent les mérites de ce groupe qui s'intègre avec facilité, au risque de sous-estimer les difficultés des nouveaux arrivants, en particulier les clandestins (estimés à 40 000 personnes en 2006). Dès 1988, le film Farewell China de Clara Law avec Maggie Cheung et Tony Leung montrait cette réalité. Symboles de la réussite chinoise, 20% des entreprises de haute technologie de la Silicon Valley sont possédées par des Chinois-Américains. Autre réussite symbolique, celle du basketteur chinois Yao Ming, pivot de 2,29 m des Houston Rockets.
Le nombre d'étudiants chinois aux Etats-Unis a augmenté considérablement jusqu'en 2002. Cela a suscité de la part des autorités chinoises des réticences, mais, après avoir sermonné les étudiants, Pékin fait tout aujourd'hui pour les séduire.
[La population parlant chinois aux Etats-Unis, par comté. source]
Quelques chiffres sur la population chinoise aux États-Unis
12 500 000 personnes se disent de "race" asiatique (4,2 % de la population) dont près de 3 millions de Chinois. 35% de la population asiatique se trouve en Californie suivie de New York (10%) et du Texas (5%). En Californie, ils représentent 12% de la population (plus de 40% à Hawaï qui est un cas particulier) et plus de 6% à New York. La population chinoise aux Etats-Unis est plutôt jeune, mariée, moins féconde que la moyenne. 30% sont nés aux Etats-Unis, 40% à l'étranger mais ont la nationalité américaine contre 30% nés à l'étranger et n'ayant pas la nationalité. Parmi ceux qui sont nés à l'étranger, 50% sont arrivés avant 1990, 34% entre 1990 et 1999 et 17% depuis 1999. Parmi l'ensemble de la population d'origine chinoise, 17% parlent anglais à la maison, 35,5% ne le parlent pas à la maison mais le parlent "très bien" et 47,6% le parlent moins que "très bien". 50% des plus de 25 ans ont un diplôme supérieur (27% pour l'ensemble de la population américaine). Le revenu médian des familles chinoises est de 57 000 $ (44 000 pour l'ensemble) mais leur taux de pauvreté est plus important que la moyenne, en particulier pour les plus âgés. Retrouvez tous ces chiffres et d'autres sur le site du recensement des Etats-Unis.
Liens :
- Le site de Gene Luen Yang
- Critique sur Actuabd et un entretien avec l'auteur
- Une critique déçue sur Chronicart
- Un article de Daniel Sabbagh sur le statut des Asiatiques aux Etats-Unis
- Un site très bien fait sur l'immigration chinoise aux Etats-Unis
- Une histoire de la BD chinoise (les manhuas)
Sources :
- Philippe Jacquin, Daniel Royot et Stephen Whitfield, Le peuple américain, origines, immigration, ethnicité et identité, Seuil, 2000 [une mine d'informations sur les différents groupes d'immigrés aux États-Unis.]
- Stéphanie Balme et Daniel Sabbagh, Chine/Etats-Unis, Fascination et rivalités, Autrement, 2008 [Pour replacer ces migrations dans le contextes des relations diplomatiques et économiques entre les deux pays]
5 commentaires:
La structure narrative de ce livre est une réussite. Le versant mythologique est au service du récit de l'intégration difficile de ce jeune chinois. Cette BD est universelle car elle parle du déracinement de tous les immigrés.
Merci pour cette bonne présentation et la contextualisation historique.
Elle est en effet très universelle. C'est ce qui fait son succès.
Merci pour ton commentaire.
Article passionnant qui donne envie de se ruer sur la bd.
J.B.
Il existe aussi une série de BD, Chinaman, écrit par Serge Le Tendre et illustré par TaDuc. C'est un western pas comme les autres qui parle d'un chinois (ancien mercenaire farouchement épris de liberté)qui va au fil des tomes être mêlé à différence histoires d'argent, de vengence etc.. et qui essayera de se détacher des triades et d'oublier son honneur pour vivre une vie normal. Mais le passé peut ressurgir et le contexte de discriminations envers les chinois n'aident pas. On parle ainsi de l'identité des Chinois des Etats-Unis, plus vraiment Chinois mais pas americain non plus. Dans le premier tome, Montagne d'or, c'est le ruée vers l'or et le troisième tome parle du travail des Chinois "fils du Ciel"pour les lignes de chemin de fer...
A lire après l'article de M. Augris!
Merci pour ce conseil de lecture, je ne connaissais pas mais je vais le chercher, ça a l'air intéressant et tout à fait dans le prolongement de cet article.
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