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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

vendredi 11 juillet 2008

Chinaman : l'Odyssée d'un Chinois en Amérique

En avril, je vous ai parlé d'une BD remarquable, traduite de l'anglais (États-Unis), il s'agissait d'American Born Chinese de Gene Luen Yang. A cette occasion, j'avais retracé l'histoire de l'immigration chinoise depuis le milieu du XIXème siècle et la ruée vers l'or (retrouvez la première partie ci-dessous). En lisant cet article, Hélène (1ère S, merci à elle !) nous avait recommandé de lire sur ce sujet Chinaman. C'est donc ce que je me suis empressé de faire.

Serge Le Tendre, TaDuc et Claude Guth y font le récit des aventures d'un Chinois débarqué en Californie dans la seconde moitié du XIXème siècle. Entre les Triades chinoises qui tentent de garder le contrôle des celestials, des entrepreneurs pas toujours scrupuleux mais à la recherche de main-d'œuvre, des bandits de grand chemin, des Irlandais un peu jaloux, des chercheurs d'or, des aventuriers, John Chinaman tente de se faire sa propre place dans ce nouveau monde. Chaque tome, même s'il y a une trame qui les rassemble, peut se lire séparément.

Voici deux extraits de la BD qui font référence à des évènements historiques précis évoqués dans le texte qui suit :





L'immigration chinoise aux Etats-Unis : "du paria au parangon"

Première partie : Les parias

La Californie est l'État qui accueille la part la plus importante d'immigrés chinois. Elle est historiquement une terre d'accueil pour les Asiatiques. Au milieu du XIXème siècle, la ruée vers l'or (les Chinois disent Gam Saan c'est-à dire "la montagne d'or") a entrainé l'arrivée de nombreux Chinois (appelés parfois Celestials pour "Fils du Ciel") autour de San Fransisco et de sa fameuse Chinatown. Ils sont alors employés dans les mines, l'agriculture, l'industrie. Dans les années 1860, ils représentent 90% des ouvriers qui construisent la Central Pacific Railroad, (photo ci-contre) même s'ils sont absents pour l'inauguration de la jonction... Acceptant des salaires très bas et des conditions déplorables, ils servent de bouc-émissaires lors des crises. Ainsi naît l'idée du "péril jaune". Le mouvement "nativiste" qui lutte contre toute immigration non-blanche est fortement anti-asiatique. Il est fondé sur les peurs que suscite cette immigration : celle de la subversion politique (les Chinois seraient, par nature, inaptes à la démocratie), celle de la perte d'identité et celle des conséquences économiques de la croissance de l'immigration (la fin du siècle est marquée par la "Grande Dépression). Discriminations et violences se multiplient comme à Los Angeles en 1871 où une vingtaine de Chinois sont pendus. L'hostilité à leur encontre augmente ce que consacrent deux lois, le Naturalization Act de 1870 et le Chinese Exclusion Act de 1882 restreignant l'immigration chinoise. La communauté chinoise ne peut alors plus se renouveler. Le ratio homme-femme, déjà de 19/1 passe à 27/1 en 1890. Ils se réfugient dans des métiers peu considérés. La blanchisserie et la restauration sont leurs points forts et leur permettent de s'installer plus à l'Est (Chicago en 1872). Cette hostilité se retrouve dans la culture, notamment la littérature et le cinéma. Le romancier Sax Rohmer crée le personnage du Dr. Fu Manchu, ensuite adapté au cinéma.
Une décision importante est prise par la Cour Suprême en 1898 qui, en invoquant le 14ème amendement, reconnaît la citoyenneté américaine à un Chinois né aux États-Unis. Le tremblement de terre de San Fransisco, en 1906, entraine la destruction des archives de l'immigration. Cela ouvre la porte à de nombreux Paper sons, enfants chinois arrivés aux États-Unis sous de fausses identités. Malgré cela, en 1924, les Chinois de Californie sont deux fois moins nombreux que cinquante ans auparavant.
Il faut attendre la deuxième Guerre mondiale pour que Roosevelt abolisse les lois d'exclusion contre les Chinois. Les années d'après-guerre, alors que débute la guerre froide, ne sont pas propices à l'émigration chinoise vers les États-Unis.

Pour connaître la suite de l'histoire de l'immigration chinoise en Amérique, c'est par ici...

Liens :


Sources :

  • Philippe Jacquin, Daniel Royot et Stephen Whitfield, Le peuple américain, origines, immigration, ethnicité et identité, Seuil, 2000 [une mine d'informations sur les différents groupes d'immigrés aux États-Unis.]
  • Stéphanie Balme et Daniel Sabbagh, Chine/Etats-Unis, Fascination et rivalités, Autrement, 2008 [Pour replacer ces migrations dans le contextes des relations diplomatiques et économiques entre les deux pays]

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