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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

vendredi 7 mars 2008

Le combat de MLK: une lutte en musique.

Tout au long de ses combats, MLK sait pouvoir compter sur les milieux artistiques, notamment les musiciens et les chanteurs. C'est le cas en 1963 avec la marche pacifique sur Washington, conçue autour de deux objectifs principaux: les droits civiques et la garantie d'un accès équitable à l'emploi pour les Noirs.

Le 27 août, à New York, Carmen McRae, Thelonious Monk, Quincy Jones organisent un concert pour récolter des fonds en vue de la manifestation. A Paris, Josephine Baker, James Baldwin, Burt Lancaster font de même.


Marian Anderson et le président Johnson en 1963.

La manifestation, le 28 août, est ponctuée de chants. La musique est omniprésente, la foule chante tout au long du défilé. Au premier rang se trouve la scène folk du Greenwich Village. Les artistes se succèdent à l'estrade devant le Lincoln Memorial: Odetta entonne I'm on my way, Joan Baez chant Oh freedom. Odetta, Baez, rejointes par Josh White et Peter Paul and Mary reprennent le Blowin' in the wind de Dylan. Ce dernier fredonne When the ship comes in (métaphore du mouvement des droits civiques) et le poignant Only a pawn in their game (sur un assassinat raciste). Len Chandler l'accompagne sur le traditionnel Eyes on the prize. Tous ces chanteurs se retrouvent ensuite pour conclure par l'hymne officieux du mouvement des doits civiques popularisé par Pete Seeger, We shall overcome.

free music



Joan Baez et Dylan lors de la marche sur Washington.

Après le grand discours de King, deux immenses chanteuses clôturent la manifestation: la cantatrice Marian Anderson chante He's got the whole world in his hands, tandis que la chanteuse de gospel Mahalia Jackson reprend How i got over.


Pochette du disque de discours du dr King sorti par la Motown.

La compagnie de disque Motown de Berry Gordy basée à Détroit table sur le "crossover", c'est-à-dire le fait de conquérir une clientèle la plus large possible, sans se soucier de la couleur de peau, stratégie en phase avec l'idéal intégrationniste du dr King. Cette usine à tube met au point une musique soul sophistiquée, très pop. Gordy, toujours très prudent, s'implique néanmoins dans le combat pour les droits civiques en sortant le jour même de la marche sur Washington, un disque des discours du pasteur.


Harry Belafonte (au fond) avec MLK et Tony Bennett lors de la marche de Selma en 1965.

En 1965, après la première marche de Selma qui se solde par des violences policière (le bloody sunday), MLK mobilise encore une fois les chanteurs acquis à la cause des Afro-américains. Lors de la troisième marche, qui permet de rallier Montgomery, on distingue parmi les marcheurs Leonard Bernstein, Nina Simone, Sammy Davis Jr, Harry Belafonte. Au terme de la marche, à Montgomery, Joan Baez, le Chad Mitchell trio, Perter Paul and Mary, Mahalia Jackson et Ella Fitzgerald reprennent en coeur l'inévitable Blowin' in the wind.

free music


Les chanteurs de folk, partisans de la déségrégation, participent aux diverses actions pacifiques organiées dans le vieux sud à l'instar de Seeger, Phil Ochs, Dylan et bien sûr Baez. Rapidement cependant, Dylan entend se détacher de son image de chanteur engaagé et il déserte le mouvement des droits civiques. >Désormais le vecteur musical privilégié de la lutte pour l'égalité devient surtout la soul music (musique de l'âme d'un peuple noir qui entend assumer son héritage culturel spécifique).

Beaucoup de musiciens regrettent toutefois la modération de King. Avec la radicalisation de certaines organisations noires qui adhèrent au discours sur le Black Power, de nombreux artistes font évoluer leur discours musical en conséquence: le free jazz sous la houlette d'Archie Shepp entend "libérer" le jazz des influences blanches.




Pochette du fire music d'Archie Shepp, disque dans lequel il rend hommage à Malcom X ("Malcom Semper Malcom").


Le parcours d'une artiste comme Nina Simone est emblématique de cette attitude. D'abord plutôt timorée à l'endroit de la lutte pour les droits civiques, elle s'implique de plus en plus dans ce combat comme l'attestent ses nombreux titres engagés (Mississippi goddam, Young gifted and black ...). Bientôt, elle infléchit senseiblement ses positions. Si elle apprécie le dr King, elle trouve sa démarche naïve, inefficace, trop lente tout au moins.



Ses préférences vont désormais à discours plus radicaux, ceux de Stokely Carmichael, héraut du Black Power, ou encore Malcom X. Elle déclare que son "programme d'autonomie et d'autodéfense semblait répondre à ma méfiance envers l'Amérique des Blancs".
Elle s'exile bientôt en Afrique, ne supportant plus le racisme du sud des EU qu'elle prend l'habitude de nommer "United Snakes of Amerikkka" (en référence au Ku Klux Klan).

Reste qu'à l'annonce de la mort du King, elle est profondément choquée et s'empresse de lui rendre hommage, ce que nous verrons dans un prochain article.

Sources:
- Yves Delmas et Charles Gancel:"Protest song. La chanson protestataire dans l'Amérique des sixties". Textuel, 2005.
- Paul Schor "Partition en noir et blanc", L'Histoire n°329, avril 2008.

Liens:
- Soul et droits civiques sur le blog.
- Articles sur la ségrégation aux EU sur bricabraque.

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