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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

mardi 11 mars 2008

Why the king of love is dead?

L’assassinat du dr King suscite une immense émotion dans tout le pays. Le président Johnson déclare le 7 avril jour de deuil national. Le 9, plus de 100 000 personnes assistent aux funérailles de King à Atlanta, tandis que près de 120 millions de téléspectateurs regardent la retransmission télévisée de la cérémonie funèbre.


la dépouille de King lors de ses funérailles.

Les musiciens et chanteurs sont présents en nombre : Harry Belafonte, Sammy Davis Jr, Mahalia Jackson, Diana Ross. Mahalia Jackson interprète même « Precious lord ».

Mahalia Jackson

Très vite, les chanteurs et musiciens rendent hommage à King. Nina Simone chante ce même 9 avril un titre poignant composé en l'honneur du pasteur, à l'annonce de son assassinat: Why the king of love is dead?

free music


"Il avait vu le sommet de la montagne / et il savait qu'il ne pouvait pas s'arrêter /
il vivait toujours avec la menace de la mort [...] / que va-t-il se passer maintenant que le roi de l'amour est mort?"

Beaucoup d'autres artistes éprouvent une inquiétude similaire face à l'avenir.

Mike Millius, quant à lui, compose "the ballad of Martin Luther King". George Perkins et ses siver cats évoquent dans le déchirant "Crying in the street", le désarroi des Afro-américains à l'annonce du décès du dr King.



Plusieurs interprètent brocardent la violence endémique qui gangrène la société américaine et les multiples assassinats politiques. Dion DiMucci enregistre "Abraham, Martin and John", en hommage à Lincoln, King et Kennedy, tous trois assassinés.


document trouvé sur le site the American presidency.

Phil Ochs compose son "I kill therefore I am" ("je tue donc je suis").

"Il a un revolver et il hait / il tire d'abord il tire ensuite /
je suis un vrai mâle américain / je tue donc je suis".

Les Rascals, quant à eux, composent et interpétent leur "people got to be free", ode à la tolérance inspirée par les décès de MLK et Robert Kennedy.

L'annonce de l'assassinat de King aggrave les tensions partout dans le pays. C'est le cas au sein des studios Stax de Memphis, rare oasis intégré, haut lieu de la soul sudiste, où musiciens blancs et noirs se côtoyaient jusque là en toute amitié. Or, le balcon du Lorraine Motel d'où MLK est touché par une balle dans la tête, constitue un lieu habituel de détente pour les musiciens de chez Stax, à quelques encablures seulement des studios d'enregistrement. Le 4 avril, juste après l'annonce du meurtre, les musiciens blancs du studio, situé dans un quartier majoritairement noir, ne peuvent quitter les lieux qu'escortés par leurs camarades noirs. Un ressort est cassé. Le havre de paix que représentaient les lieux, à l'écart des différends raciaux omniprésents dans le sud, connaît à son tour le racisme ordinaire.


Booker T. and the MG's, un des principaux groupes du label Stax, composé de deux blancs et deux noirs.

free music

Le duo incendiaire, Sam and Dave, typique du Memphis sound et ses cuivres incendiaires.

Dès l'annonce du meurtre, les ghettos noirs des grandes villes américaines s'embrasent, au nord comme au sud. Une jeunesse en colère multiplie les violences et pillages. Paniquées, les autorités se tournent vers les personnalités respectées, crédibles. Qui mieux que James Brown, le godfather of soul (le parrain de la soul), récent auteur de "Say it loud, I'm black and i'm proud" ("Dites le haut et fort. Je suis noir et j'en suis fier"), peut appeler au calme les jeunes noires fous de rage.



A la demande des autorités, James Brown lance donc un appel à la radio: "Je sais ce que tout le monde reesent et je ressens la même chose. Mais on arrive à rien en détruisant, brûlant, volant, pillant. Ne terrorisez pas. Organisez. Ne brûlez pas. Donnez aux enfants la chance d'apprendre. [...] La vraie réponse aux problèmes de race dans ce pays, c'est l'éducation. Ce n'est pas tuer ou voler. Soyez qualifiés. Possédez quelque chose. Soyez quelqu'un. C'est ça le Black power".


Mlk en 1960.

Le grand batteur de jazz Max Roach utilise en arrière plan d'un de ses morceaux, Chattahoochee red (1981), le plus célèbre passage du discours de King lors de la marche de Washington, lorsqu'il se lance dans une magnifique improvisation autour du rêve américain, I have a dream. Les roulements de tambour remplacent ici les applaudissements.

free music

un superbe titre de Nina Simone au titre explicite:"j'aimerais savoir (ce que l'on ressent lorsqu'on est libre)."

Cinquante ans après ce triste jour d'avril 1968, Martin Luther King est devenu une des personnalités les plus populaires. Aux Etats-Unis, il est le seul, avec George Washington, a être commémoré par un jour férié (chaque année, le troisième lundi de janvier).
Le combat incessant de Luther King a incontestablement porté ses fruits, même si, encore aujourd'hui les Noirs restent souvent les premières victimes des difficultés sociales qui frappent les EU. Le simple fait qu'un candidat noir à la fonction suprême soit un potentiel vainqueur illustre le chemin parcouru.

Sources:
- Yves Delmas et Charles Gancel:"Protest song. La chanson protestataire dans l'Amérique des sixties". Textuel, 2005.
- Pap Ndiaye:" la voix noire de l'Amérique", L'Histoire n°329, avril 2008.
- Philippe Robert: "Great black music. Un parcours en 110 albums essentiels", Le mot et le reste, 2008.

Liens:
- D'autres articles sur musique et droits civiques sur Lire-Ecouter-voir.

- Stax et le tiomphe du Memphis sound sur Bricabraque.

- 4 avril 1968: l’assassinat de Martin Luther King.

- Martin Luther King: un rêve américain.

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