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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

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jeudi 3 avril 2008

La Musique Populaire Brésilienne défie la dictature


La police politique brésilienne réprime férocement les manifestations étudiantes en 1968.


 


En 1964, un coup d’Etat militaire renverse le président Goulart (la CIA est dans le coup). C’est le début d’une dictature militaire qui ne s’achèvera qu’en 1984; un régime violent qui recourt à la censure, la répression et n’hésite pas à emprisonner, torturer, voire exécuter les opposants. Paradoxalement, les débuts de la dictature s’accompagnent d’une grande d’effervescence culturelle, notamment dans le domaine musical.


Dès 1965, la chanson « Carcara » interprétée par Maria Bethânia défie déjà le régime : « vous pouvez m’arrêter, vous pouvez me tabasser/ vous pouvez même m’affamer/ je ne changerai pas d’opinion ».



Le Tropicalisme chamboule la musique brésilienne.


En 1967, Gilberto Gil et Caetano Veloso lancent le mouvement Tropicalismo. Le Tropicalisme s’inspire de la « pensée anthropophage » du poète Oswald de Andrade, qui défend la transgression des genres. Sur le plan musical, le Tropicalisme entend faire exploser les conventions de la musique brésilienne, il mêle bossa-nova, musiques traditionnelles et rock’n’roll. L’heure est à l’exubérance, signe de résistance et de liberté. Veloso reprend le slogan du mai 68 parisien et clame haut et fort qu’ « il est interdit d’interdire » (E proibido proibir), il chante : " je dis oui/ je dis non au non/ je dis qu’il est interdit d’interdire."



Chico Buarque et Caetano Veloso.


Lors des festivals musicaux organisés par les grandes chaînes musicales (« ère des festivals » de 1965 à 1972), ces chanteurs se font les hérauts des aspirations démocratiques. Lors du festival de la chanson de 1968, qui se déroule dans le stade Maracazinho, Geraldo Vandré présente son titre « Pra nao dizer que nao falei de flores » (« on ne pourra pas dire que je n’ai pas parlé des fleurs ») en admonestant les militaires : « Il y a des soldats armés, aimés ou non […] Des foules qui croient que les fleurs peuvent vaincre les canons. » Cette chanson de Vandré devient l’hymne repris lors des manifestations publiques.



Manifestation des 100 000 contre la répression et la censure.


Pour protester contre le durcissement du régime et le règne de la censure, les chanteurs, sous l’impulsion de Chico Buarque, boycottent bientôt les festivals, qui finissent par disparaître. Au Brésil, comme ailleurs, les protestations étudiantes prennent de l’ampleur en 1968 et culminent lors de la manifestation des 100 000 à Rio de Janeiro, qui s’accompagne d’une grève générale. Les étudiants fustigent la censure, les atteintes aux libertés fondamentales et aspirent au retour de la démocratie.


Dès août 1968, la police envahit les universités de Brasilia et Belo Horizonte. Le régime se durcit encore avec la promulgation de l’Acte constitutionnel n°5, poussant à l’exil de nombreux musiciens, notamment les artistes. L’accession au pouvoir du général Emilio Garrastu Médici ouvre la période la plus dure de la dictature. L’armée traque tous les opposants, qu’elle arrête, torture et exécute parfois. C. Veloso et G. Gil sont emprisonnés dans une caserne de Rio, puis rasés par les militaires qui détestent les « chevelus », avant d’être contraints à l’exil comme beaucoup d’autres : C. Buarque se réfugie en Italie, Edu Lobo part étudier la musique en Californie, G. Vandré fuit afin d’éviter la prison.


Dans son "Aquele abraço" em> Gilberto Gil chantent les adieux de celui qui part en exil:"je trace moi-même/ mon chemin en ce monde".

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Gilberto Gil lors de son exil londonien.


De retour au Brésil, Chico Buarque mène la lutte contre la censure, par l’intermédiaire de dizaines de chansons. Sans cesse persécuté, il adopte des pseudonymes pour se protéger. Ainsi Julinho da Adelaide (Buarque en fait) compose une samba poignante, "Acorda, amor" (1974) sur le thème des disparitions et des enlèvements perpétrés par la police. S’adressant à sa femme, le protagoniste de la chanson conseille : « si je reste absent quelques mois/il convient que parfois tu souffres/ mais si dans un an je ne sui pas revenu/ mets ta robe du dimanche/ et oublie-moi. »




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A partir de 1979, le régime s’assouplit avec l’amnistie partielle des exilés et prisonniers politiques. Mais il faut attendre 1984 pour que les espoirs des opposants prennent corps avec la campagne des Diretas-Ja (« élections directes tout de suite ») pour l’élection du président de la République au suffrage universel direct. L’infatigable Chico Buarque compose deux sambas en faveur du retour de la démocratie et de l’instauration d’un véritable suffrage universel : "Pelas tabelas" et "Vai passar".

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L’élection du candidat de l’opposition Tancredo Neves clôt la période dictatoriale, en 1985. Tout au long de ces années de plomb, les chansons incitèrent à la résistance, à l'instar du Pesadelo ("cauchemar", en 1972) de P. C. Pinheiro et M. Tapajos: "Vous coupez un vers, j'en écris un autre/ Vous m'arrêtez vivant, je m'échappe mort/ [...] Vous utilisez la force contre moi,/ elle se retourne contre vous un autre jour".


Pour terminer, quelques titres,beaucoup plus légers, mais irrésistibles:




-Caetano Veloso:"oh, leazinho"

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-Chico Buarque "Essa moça ta differente"
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- Cartola "Preciso me encontrar "
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Cartola:"Minha"
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- Seu Jorge:"Tive razao"
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>Source:


- "MPB, musique populaire brésilienne", Réunion des musées nationaux, Paris, 2005.


 

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