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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

mercredi 11 juin 2008

Les musiciens contre l'Apartheid: première partie.

Une des nombreuses plaques apposées sur les lieux publics en Afrique du sud au temps de l'Apartheid.


Le terme Apartheid
signifie en afrikaans «Vivre à part ». Il s'agit d'un système ségrégationniste fondé sur une politique raciste. Tout un système de lois, voté en 1948, se met en place et institutionnalise la stricte séparation entre Blancs et Noirs. Ces derniers, pourtant largement majoritaires dans le pays, sont les victimes d'une discrimination implacable. De fait, ils sont exclus du pouvoir politique, mais aussi économique.

L'apartheid sépare donc strictement les communautés selon le critère de la couleur de peau. Des quartiers blancs et noirs homogènes apparaissent bientôt dans les grandes villes. Les sinistres bidonvilles -les townships, dont le plus célèbre reste celui de Soweto dans la banlieue de Johannesburg - concentrent les difficultés: misère, violences. Toute forme de mixité est bannie, les relations amoureuses interraciales prohibées! Les bantoustans, des régions théoriquement indépendantes, sont réservées au Noirs.

Toilettes pour Blancs séparées des toilettes pour Noirs.

Toute tentative de remise en question du statu quo est combattue avec violence par le pouvoir blanc, qui maintient de fait les populations noires dans la misère et la marginalité. Les leaders noirs comme Nelson Mandela dirigeant de l’ANC (African National Congress ) sont incarcérés,malmenés, voire tués (cf: l'article limpide de R. Tribouilloy sur Steve Biko).

Mandela ne sera libéré qu'en 1990, lorsque le président De Klerk lèvera l'interdiction de l'ANC, mettant un terme définitif à l'Apartheid.

Nelson Mandela et Desmond Tutu

L'apartheid a des répercussions immenses sur la vie quotidienne. Les musiciens et chanteurs furent, comme les autres, victimes de cette politique ségrégationniste. Les musiques jouées par des Noirs furent boudées par les grands médias nationaux. La censure prive aussi de nombreux chanteurs d'une notoriété pourtant méritée. Des circuits commerciaux séparés tentèrent aussi de cloisonner "musiques blanches" et "musiques noires". La présentation rapide de quelques uns des plus célèbres interprètes musicaux du pays souligne pourtant la richesse musicale du pays.

* Ladysmith Black Mambazo est un groupe vocal sud-africain, fondé en 1960 par Joseph Shabalala. Le groupe s'impose d'abord auprès des travailleurs des townships, puis remporte de nombreux concours musicaux. Célèbre pour ses performances a capella, mêlant polyphonies zouloues et chants religieux. L'album Amaboptho, enregistré en 1973, constitue sans doute le chef d'œuvre du groupe. Il a été rendu mondialement célèbre grâce à sa participation à l’album de Paul Simon "Graceland". Mais c'est seulement lorsque les Noirs obtiennent enfin l'égalité de droit en Afrique du Sud que le groupe accède à la reconnaissance qu'il mérite. En 1993, Nelson Mandela les emmène à la cérémonie du prix Nobel de la paix.

*Simon Mahlathini et les Mahotella queens sont d'authentiques créateurs du mbaqanga (une musique pop basée sur la méthode de chant zouloue mêlée à des rythmes modernes) avec des sons de guitares électriques et de saxophones, et qui parvient à répondre aux attentes du public noir des townships. De fait, le groupe a vendu des millions de disques et ses membres devinrent les héros es ghettos, bientôt baptisés les Beatles d'Afrique du sud.



Mahlathini, le "lion d'or de Soweto", rugit, grommèle, gémit sur les titres qu'il interprète d'une voix rocailleuse. Rapidement, il s'adjoint les services d’un chœur féminin, les Mahotella Queens.
Le groupe devient l'un des fers de lance culturel de la résistance anti-Apartheid et refuse d'ailleurs de s'exiler, poursuivant la lutte sur place.

Leur tube "Kazet" narre la destruction d'un township par les bulldozers sous les ordres du gouvernement sud-africain et le déplacement de ses habitants dans de grands camions bennes.



* Miriam Makeba est sans doute la chanteuse sud-africaine la plus célèbre dans le monde. Sa chanson "Pata pata" a fait le tour du monde et a été reprise à plusieurs reprises. Miriam Makeba incarne surtout la volonté de donner une place de choix aux cultures africaines, trop souvent marginalisées.

Née le 4 mars 1932 à Johannesburg, Miriam Makeba commence très jeune à chanter. A 20 ans, elle est une des principales choristes du groupe "Manhattan Brothers", une formation très populaire. Son talent évident lui permet bientôt de s'imposer en solo.

En 1956, elle écrit ce qui deviendra un tube légendaire : la chanson "Pata, Pata". Sa renommée dépasse les frontières du continent africain. En 1959, elle apparaît dans un film clandestin ouvertement anti-apartheid, Come back to Africa, qui lui vaut une invitation en Europe. Harry Belafonte la repère à cette occasion et enregistre un album avec elle, "An evening with Harry Belafonte et Miriam Makeba", récompensé d'un grammy awards.



Miriam Makeba multiplie les déclarations anti Apartheid. En 1963, l'un de ses discours virulents -et pourtant porteurs de paix- à l'Unesco met le feu aux poudres. Le gouvernement Sud Africain l'empêche de rentrer dans son pays (lorsque sa mère décède, la chanteuse n'obtiendra pas le simple droit d'assister aux obsèques). Elle s'installe aux Etats-Unis et s'engage bientôt aux côtés des mouvements d'émancipations afro-américains.
Miriam Makeba se lie aux Black Panthers et épouse le leader du mouvement, et théoricien du Black Power, Stokely Carmichael, devenant aussitôt persona non grata dans son pays d'accueil.

La voilà de nouveau contrainte de s'exiler. La Guinée de Sékou Touré l'accueille à bras ouverts et le leader du pays associe les nouveaux époux à sa propagande. Choyée par le régime, Miriam Makeba enregistre de nombreux albums dans divers styles et langues d'Afrique. Ni son divorce (1978) ni la mort de Sékou Touré (1984) ne lui font quitter Conakry. En 1987-88, elle est l'invitée spéciale de Paul Simon sur sa tournée mondiale Graceland.

En 1991, avec la fin de l'apartheid, Miriam Makeba (qui n'a cessé de soutenir l'ANC) retrouve son pays et chante pour le nouveau président, Nelson Mandela.

A suivre

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