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Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

lundi 7 juillet 2008

Velasquez : "Les lances (ou la reddition de Breda)", 1635

Espagne, 1635. Le Roi Philippe IV (1621-1665) et son favori, le célèbre Comte-Duc Olivares sont au sommet de leur pouvoir. L'Espagne est une puissance mondiale dont le pouvoir s'étend en Amérique, en Afrique, en Asie et en Europe (Pays-Bas, Franche-Comté, Italie notamment). Bien sûr, cette puissance est contestée comme le montre ce tableau, mais c'est bien du Siglo de oro qu'il s'agit.
Loin de la rigueur toute monacale du palais de l'Escorial de son grand-père Philippe II, Philippe IV fait construire à Madrid le palais du Buen Retiro. C'est là qu'il veut montrer à tous combien les victoires de ses soldats en font l'équivalent de l'Hercule de l'Antiquité, rien de moins. Dans le Salon des Royaumes du nouveau palais, des toiles célébrant les principales victoires de son règne (Breda donc, mais aussi Juliers, Brisach, Gênes, Bahia,...) sont mêlées aux portraits du Roi, de la Reine, de Philippe III et de sa femme et à des représentations des douze travaux d'Hercule. Rien de surprenant à l'époque, songeons que son neveu Louis XIV, quelques décennies plus tard, se représente en Apollon à Versailles...


La représentation de la prise de Breda est confiée à un peintre de 35 ans et déjà peintre du Roi, Diego Vélasquez . La peinture, aujourd'hui conservée au Musée du Prado, est une réussite sur le plan formel. Quelle meilleure illustration de la force de l'Espagne que ces piques si hautes et droites face aux hallebardes des Hollandais toutes en désordre. Il raconte les différentes étapes du siège en multipliant les plans. On aperçoit ainsi les plaines inondées par les assiégés pour compliquer la tâche des assiégeants et la digue construite par ces derniers au milieu du plan d'eau. Dans le choix des couleurs et sa volonté de ne pas soigner le dessin en arrière-plan, Velasquez est un précurseur qui va séduire les impressionnistes.

Depuis 1566, les Pays-Bas (actuelles Belgique et Pays-Bas), possession espagnole, sont en révolte pour des raisons fiscales, politiques et religieuses. En 1581, les provinces du Nord (à majorité calviniste) proclament leur indépendance sous le nom de Provinces-Unies alors que les provinces méridionales (l'actuelle Belgique à majorité catholique) restent sous la domination des Habsbourg d'Espagne. La guerre d'indépendance, avec quelques interruptions (trêve de douze ans en 1609) dure jusqu'à la reconnaissance de l'indépendance des Provinces-Unies en 1648 au traité de Westphalie qui met également fin à la Guerre de Trente Ans qui a ravagé toute l'Europe (en particulier la Lorraine...). Breda est une place importante, au Sud des Provinces-Unies. Le Marquis de Spinola s'en empare en 1625 après un siège gigantesque de plusieurs mois.

Vélasquez représente ici la reddition de la ville. Justin de Nassau remet les clés de la ville à Ambrosio Spinola. Dans un très beau petit livre, l'historien de l'Espagne Bartolomé Bennassar nous invite à ne pas nous arrêter aux apparences, celles de la célébration d'une victoire. En menant l'enquête, il montre que le peintre a voulu montrer l'aspect chevaleresque de la scène et la volonté de Spinola de ne pas humilier l'adversaire.

Je vous invite donc à lire ce livre d'un seul trait. Il fait partie d'une nouvelle collection publiée par Armand Colin qui compte déjà comme titres Le Bureau de coton de Degas (P. Artières), Olympia de Manet (D. Borne), La Jeune Fille au Miroir de Titien (S. Melchior-Bonnet) et Les Pieds-Nickelés de Forton (J. Tulard).

Bartolomé Bennassar, Les Lances de Breda de Vélasquez, Paris, Armand Colin, 2008


1 commentaire:

blottière a dit…

Cette collection semble en effet très prometteuse. Bravo pour cet article.

J.B.