Matoub Lounes(slavits ayavehri)Zénith 1995 avec Baroudi
Pochette de l'album "lettre ouverte aux..."
Dans son œuvre, il n’eut de cesse de dénoncer la corruption du pouvoir, et la censure qu’il impose et dont il fut victime. Dans son dernier disque, sorti quelques semaines avant son assassinat, « Lettre ouverte aux… », il n’hésite pas à parodier l’hymne algérien et dénonce une nouvelle fois le pouvoir en place. Autre cible favorite de Lounès, l’islamisme qui gangrène alors l’Algérie, aux prises avec une guerre civile particulièrement meurtrière (en 1992, la victoire électorale du Front islamique du salut est annulée par les militaires algériens. Dès lors, les massacres de civils perpétrés par le Groupe Islamique armé, ensanglantent l’Algérie durant une dizaine d’années).
Matoub Lounès sur TF1
L’exception berbère remonte à la conquête arabe. La langue berbère (tamazagiht) présente un cas exceptionnel de résistance face aux agressions extérieures. Ainsi, dans les années 1980, les manifestations se multiplient en Kabylie afin d’obtenir l’officialisation de la langue berbère (Printemps berbère). Or, cette volonté d’une meilleure reconnaissance des spécificités culturelles kabyles est contrecarrée par le durcissement de l’arabisation en Algérie dans les années 1990. Lors de l’été 1998, la région s’embrase à nouveau avec l’entrée en vigueur d’une loi qui généralise l’usage de la langue arabe dans tous les domaines. La colère atteint son comble avec l’assassinat de Matoub Lounès.
Manifestation de jeunes Kabyles.
En avril 2001, les violences policières accentuent encore les tensions en Kabylie : c’est le printemps noir. Les revendications autonomistes sont portées par le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, à l’écho limité. Aujourd’hui, la majorité des Kabyles aspirent à une véritable reconnaissance de la pluralité culturelle en Algérie, donc de l’identité berbère (en 2002, le berbère est reconnu comme langue nationale, l’arabe restant a langue officielle). La popularité de Matoub Lounès reste immense en Kabylie et son message plus que jamais d’actualité. Laissons les derniers mots au chanteur, qui chantait dans "Les montagnes sont ma vie".
" Du tribut de mon sang / J’ai irrigué les monts / Mon empreinte s’imprime éternellement / même si ils ont en juré mon anéantissement ; / Qu’ils s’impatientent de me voir mort, / Et qui calomnient mon nom et mon corps / A chaque col, ils devront m’affronter encore / Car je résisterai jusqu’à ma mort. / J’ai laissé mon bien à l’abandon, / Je l’ai trouvé gisant et répugnant, / J’ai porté le regard sur mon honneur, / J’ai vu des bourreaux et tueurs / Bien que la force ait fui mes bras, / Ma voix demeure, elle continuera de retentir."
Liens:
- Paroles des chansons de Matoub Lounès.
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