En 1997, le grand Fela Anikulapo Kuti, le Black President, meurt. C'est l'un des plus grands musiciens africains du XXème siècle. Il laisse 6 enfants de plusieurs femmes et un orchestre Egypt 80 dont le nom vient de ses lectures (l'historien sénégalais Cheikh Anta Diop qui a travaillé sur les origines noires des pharaons). L'un des fils, Femi, est en froid avec le père et, tout en pratiquant une musique assez proche de Fela, a mené sa propre carrière et devient lui aussi un musicien renommé dès la fin des années 1980. Il dirige le Shrine, la salle mythique de Lagos. Le plus jeune fils, Seun, dont la mère chante dans Egypt 80 n'a que 15 ans en 1997, mais il se produit avec l'orchestre depuis l'âge de 8 ans. Ce n'est pourtant qu'à la mort de Fela qu'il apprend le saxophone. Il vit à Kalakuta (la fameuse "république" au coeur de Lagos, plus d'une fois prise d'assaut par la police). Peu à peu, il apprend à diriger les musiciens de son père dont il réclame l'héritage (sur son dos, il fait tatouer "Fela lives") sans chercher à tout prix à s'en démarquer.
On retrouve cet héritage dans son premier album Many Things qui est sorti ce printemps. Sur le plan musical, même présence entêtante des cuivres et rythmique bien marquée qui constituent l'afrobeat, ce mélange de funk, de soul, de rhythm'n'blues, de jazz et de musique ghanéenne (highlife). C'est de la très bonne musique. Personnellement, j'ai tout de suite accroché.
Pour les textes (écrits en pidgin, la langue du petit peuple de Lagos, une sorte de créole anglais), même dénonciation des maux qui frappent le Nigéria et l'Afrique. Il évoque les ravages du paludisme avec "Mosquito Song" qui sont grandement liés à l'incurie des gouvernants qui ne se soucient pas des problèmes quotidiens de la population (hygiène, adduction d'eau). Dans ses chansons, il parle des promesses non-tenues des hommes politiques ("Many Things") que ce soit sous la dictature ou la "démocratie". On se souvient que son frère Femi a beaucoup critiqué l'ancien président Olusegun Obasanjo, ex-putschiste en 1977 devenu démocrate. Seun reprend le flambeau avec cette chanson dans laquelle on entend notamment la voix d'Obasanjo. Voici ce qu'il déclare à propos de l'élection présidentielle de 2007 qu'il a appelée à boycotter :
«C’était la première fois depuis l’indépendance, en 1960, que le Nigeria avait l’espoir de voir un président démocratiquement élu - Olusegun Obasanjo - succéder à un autre. En réalité, Obasanjo avait tenté de modifier la Constitution, en 2006, pour obtenir un troisième mandat… Même s’il a échoué, il est parvenu, grâce à une élection truquée, à garder le pouvoir en faisant élire Umaru Yar’Adua, sa marionnette ! La fraude a été massive. Dans certains bureaux de vote, comme celui de mon quartier, il y a eu deux fois plus de votes que d’électeurs et une centaine de personnes ont avoué avoir falsifié les bulletins ! » [source : La plèbe]
Dans "Dont Give That Shit To Me", il invite Occidentaux et Africains à ne pas faire du continent un "merdier" où règneraient la désunion, la malhonnêteté, la discrimination, la destruction, ... Seun, à l'image de ses prédécesseurs, est donc un militant :
"Tu sais l’Afrobeat est un genre qui a été créé pour l’émancipation de l’Homme noir. Ce n’est pas seulement un style de musique c’est un mouvement. Tant que ce but - l'émancipation de l'Homme Noir - ne sera pas atteint , l'Afrobeat ne doit rien représenter d'autre. C’est un album très politique, c’est un appel au réveil de nos consciences !" [source : onlygroove]
Bref, Seun Kuti est un homme qui se bat, et les flammes dans ses yeux sur la couverture de l'album sont là pour nous montrer qu'il est motivé pour cela !
Voici la chanson-titre Many Things :
Même s'il sort son premier album, Seun Kuti a l'habitude de se produire en concert, comme ici à Lyon en 2005. Il sera en concert au festival Africabidon en Ardèche le 1er août, à La Réunion le 7 août et à Nancy pour le NJP en octobre (également au Canada, en Suisse et à Casablanca en juillet).
Des liens pour en savoir plus :
On retrouve cet héritage dans son premier album Many Things qui est sorti ce printemps. Sur le plan musical, même présence entêtante des cuivres et rythmique bien marquée qui constituent l'afrobeat, ce mélange de funk, de soul, de rhythm'n'blues, de jazz et de musique ghanéenne (highlife). C'est de la très bonne musique. Personnellement, j'ai tout de suite accroché.
Pour les textes (écrits en pidgin, la langue du petit peuple de Lagos, une sorte de créole anglais), même dénonciation des maux qui frappent le Nigéria et l'Afrique. Il évoque les ravages du paludisme avec "Mosquito Song" qui sont grandement liés à l'incurie des gouvernants qui ne se soucient pas des problèmes quotidiens de la population (hygiène, adduction d'eau). Dans ses chansons, il parle des promesses non-tenues des hommes politiques ("Many Things") que ce soit sous la dictature ou la "démocratie". On se souvient que son frère Femi a beaucoup critiqué l'ancien président Olusegun Obasanjo, ex-putschiste en 1977 devenu démocrate. Seun reprend le flambeau avec cette chanson dans laquelle on entend notamment la voix d'Obasanjo. Voici ce qu'il déclare à propos de l'élection présidentielle de 2007 qu'il a appelée à boycotter :
«C’était la première fois depuis l’indépendance, en 1960, que le Nigeria avait l’espoir de voir un président démocratiquement élu - Olusegun Obasanjo - succéder à un autre. En réalité, Obasanjo avait tenté de modifier la Constitution, en 2006, pour obtenir un troisième mandat… Même s’il a échoué, il est parvenu, grâce à une élection truquée, à garder le pouvoir en faisant élire Umaru Yar’Adua, sa marionnette ! La fraude a été massive. Dans certains bureaux de vote, comme celui de mon quartier, il y a eu deux fois plus de votes que d’électeurs et une centaine de personnes ont avoué avoir falsifié les bulletins ! » [source : La plèbe]
Dans "Dont Give That Shit To Me", il invite Occidentaux et Africains à ne pas faire du continent un "merdier" où règneraient la désunion, la malhonnêteté, la discrimination, la destruction, ... Seun, à l'image de ses prédécesseurs, est donc un militant :
"Tu sais l’Afrobeat est un genre qui a été créé pour l’émancipation de l’Homme noir. Ce n’est pas seulement un style de musique c’est un mouvement. Tant que ce but - l'émancipation de l'Homme Noir - ne sera pas atteint , l'Afrobeat ne doit rien représenter d'autre. C’est un album très politique, c’est un appel au réveil de nos consciences !" [source : onlygroove]
Bref, Seun Kuti est un homme qui se bat, et les flammes dans ses yeux sur la couverture de l'album sont là pour nous montrer qu'il est motivé pour cela !
Voici la chanson-titre Many Things :
Même s'il sort son premier album, Seun Kuti a l'habitude de se produire en concert, comme ici à Lyon en 2005. Il sera en concert au festival Africabidon en Ardèche le 1er août, à La Réunion le 7 août et à Nancy pour le NJP en octobre (également au Canada, en Suisse et à Casablanca en juillet).
Des liens pour en savoir plus :
- Deux entretiens passionnants avec Seun Kuti à écouter : un sur Mondomix et l'autre sur RFI, entrecoupé de nombreux extraits, avec son producteur Martin Meissonnier (qui fut aussi son introducteur en France). A compléter avec cet article sur RFI musique
- La page Myspace de Seun Kuti pour écouter quelques titres (Many Things, Dont Give That Shit et Fire Dance) et voir les dates de ses prochains concerts).
- Un très bon article sur les références politiques faîtes dans les chansons de l'album et dans celles de Femi.
- Une bio du chanteur, un entretien avec Seun, le portrait du père Fela sur Bricabraque. La chanson "ITT" de Fela analysée par J.B. sur l'histgeobox. Enfin, pour écouter les chansons de Femi et de Fela.
1 commentaire:
Belle synthèse sur cette famille de surdoués.
J.B.
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