La deuxième, Freedom to worship, exprime le droit de chaque individu à pratiquer sa religion quelle qu'elle soit sans être inquiété pour cela. La formule inscrite en haut de l'image n'est pas issue d'un texte officiel. Elle affirme le droit de chacun de pratiquer selon ce que lui dicte sa propre conscience.
La troisième, Freedom from want, représente un repas traditionnel de Thanksgiving, baigné par la lumière, le personnage en bas à droite semblant nous inviter à prendre part à la fête.
La quatrième illustration enfin, peut être celle qui est le plus influencée par le contexte international, Freedom from fear, représente un père et une mère bordant leurs enfants. Le père tient un journal dont les gros titres évoquent des bombardements.
La déségrégation dans les Etats du Sud commence par l'arrêt de la Cour Suprême Brown vs. Board of Education of Topeka de 1954. Dans les années qui suivent, l'Etat fédéral va s'efforcer de mettre en oeuvre cette décision qui interdisait toute séparation fondée sur la race dans les écoles publiques. Face à l'hostilité des blancs du sud et des autorités locales d'appliquer la loi, Washington envoie des policiers fédéraux assurer la sécurité des enfants et étudiants qui, courageusement, seront les premiers à briser le tabou. 1954, c'est aussi l'année de naissance de Ruby Bridges. Le 14 novembre 1960, elle doit entrer dans une école publique de la Nouvelle Orléans (la William Frantz Public School), ayant passé les tests avec succès. Malgré la foule qui manifeste, (photo ci-contre, voyez la poupée noire dans un cerceuil...) les pressions sur les parents (son père est licencié...), la petite fille tient bon grâce à plusieurs personnes (sa professeure Ms. Henry et les gens qui la soutiennent sur le trajet) qui l'aident à surmonter une épreuve qui la dépasse de beaucoup.
Cette peinture est parue dans le magazine Look en 1964. A noter, l'inscription "nigger" et les traces de tomates sur le mur. Cette image témoigne de la difficulté d'imposer la déségrégation à un Sud blanc qui n'en veut pas. Même si Norman Rockwell n'est pas un peintre excessivement engagé et qu'il accompagne l'opinion plusqu'il ne la dérange, il nous offre au travers de sa peinture un reflet des forces et des divisions du modèle américain.
3 commentaires:
Très belle idée que d'utiliser Norman Rockwell avec cette série de toiles très édifiantes sur ce que sont réellement les EU.
Très bel article. En effet, ces toiles en disent plus long sur ce modèle que de longs discours.
J.B.
Bonjour!La série des Droits civiques, présentée ici dans une double perspective historique et sociologique,n'offre finalement qu'une unité de surface. Ce sont Freedom of speech et Freedom from want qui reflètent le mieux ce que le public attend toujours de Rockwell:une peinture virtuose et récréative,miroir du modèle américain dont vous soulignez d'ailleurs les limites.Les deux autres compositions, plus attachantes parce que moins abouties, me semblent plus riches d'enseignements.Elles nous livrent un autre Rockwell,fragilisé par ses contradictions.François
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